change du 11 avril à l’initiative de Fridays for Future (FFF) Allemagne – Rapprochements entre le mouvement climat et les mouvements de travailleur.euses en Allemagne.
Les échanges se passent en anglais – viser une échelle internationale. La visio dure 1h30 et réunit une vingtaine de participants, à la fois du mouvement climat, et des travailleur.euses des transports. (Syndicat Ver.di) La démarche d’organiser la visio est vue comme un prolongement des éléments relatés dans l’article suivant : https://progressive.international/wire/2023-03-31-die-ersten-anzeichen-eines-kologischen-klassenkampfes-in-deutschland/en (disponible en anglais, allemand, turc).
L’article en très rapide revient sur la mobilisation nationale, en Allemagne, le 3 mars 2023 pour les « grèves climat » (les activistes ont été rejoints par les travailleur.euses des transports), qui a rencontré un grand succès (et fait parler dans l’opinion) et la « mega streik » du 27 mars 2023, où les travailleur.euses des transports ont été rejoints par d’autres secteurs publics et par le mouvement climat. (Plus grosse grève depuis 1992).
L’article explique le travail en amont qui a permis cette convergence, et c’était l’objet de la visio.
Le besoin de convergence reposait sur 3 constats :
Perte de membres, perte d’espoir, avec l’enchaînement de défaites politiques.
Le fait de s’allier permet de « redorer » la popularité du mouvement syndical dans l’opinion (car il participe a des revendications sociales plus larges), et permet au mouvement climat d’être plus connecté avec les questions sociales et des conditions de travail. (Sortir d’une impasse d’actions uniquement symboliques de désobéissance civile).
Concrètement, après un premier rapprochement entre FFF et Ver.di à l’ échelle nationale (2020) l’idée était de faire des « paires » locales, en mettant en relation des groupes locaux « climat » et les unions syndicales locales. (Ce genre de paires : dans environ 30 villes).
En 2020 : Débuts de rapprochements, avec surtout des initiatives pour apprendre à se connaître, faire des réunions en commun pour découvrir les réalités et les revendications de l’autre groupe. Le mouvement climat s’est calé en partie sur le calendrier syndical (négociations annuelles en mars) pour soutenir les travailleur.euses sur leurs piquets, etc. Mise en place d’une coordination nationale, pour partager ce qui est fait par d’autres dans d’autres villes, ce qui visibilise les actions et donne des idées d’actions.
Entre 2020 et 2023 : Systématisation des collaborations. En 2022 la donne est un peu différente (le rapport de force) car dans le secteur des transports la pénurie de main d’œuvre est de plus en plus grande, grosse crise de l’investissement, et en gros le mouvement syndical a un peu plus de marges qu’en 2020.
En parallèle : sentiment d’urgence, car le secteur des transports est vraiment sinistré, grosses démissions, pas de recrutements, vieillissement des travailleur.euses, donc délitement progressif des syndicats et des organisations collectives.
La systématisation s’appuie aussi sur d’autres luttes victorieuses dans d’autres secteurs pro, par exemple la mobilisation du secteur de la santé en 2021-2022, où les syndicats ont fait alliance avec des mouvements de la société civile où ces alliances ont été efficaces.
Poursuite des actions de « rapprochement » des 2 mouvements, se rencontrer sur les lieux de travail, apprendre à se connaître, les membres de FFF viennent « en renfort » à l’appel des syndicats sur différentes actions (piquets, manifs...).
« comment on peut vous aider au mieux ? » « Est-ce que vous voulez qu’on vienne à votre AG ? » « Voulez vous qu’on vous invite à notre événement ? » « Qu’on diffuse vos actions / actus sur nos canaux ? » etc.
Objectif : contrer le discours dominant qui voudrait que les activistes climat soient les « ennemis naturels » du mouvement social, parce que trop déconnecté du monde du travail, trop anticapitaliste pour être audible en entreprise -> Du coup ça se rejoint bien sur les revendications autour des meilleures conditions de travail.
Pour cela : se concentrer sur « les 90% en commun » plutôt que sur « les 10% où il y a désaccord ». (Exemple de point de désaccord cité : l’usage de la violence).
Des actions de formation en commun qui se mettent en place (notamment sur l’organisation – pour tirer avantage à la fois des expériences des mobilisations syndicales, et des mobilisations climat).
Poursuite de la coordination nationale, toujours pour diffuser l’info et les actions, inspirer d’autres groupes, etc. Il n’y a pas d’objectif global ou de ligne directrice nationale, mais l’idée d’accompagner et d’encourager ce qui se passe dans les groupes locaux.
Cette stratégie à payé, car entre l’automne 2022 et printemps 2023, le rapprochement s’est encore accéléré (grèves communes) et fait réagir dans les médias / l’opinion, y compris la version allemande du MEDEF qui craint une « contagion », avec des travailleur.euses dont les revendications concernent davantage la société au sens large et les conditions de vie plutôt que juste les conditions de travail.
A la fin de ces présentations, une travailleuse du rail insiste que c’est vraiment cool les jeunes qui s’intéressent aux conditions de travail des cheminots, qui sont curieux et qui respectent les moyens d’action « historique ».
Ensuite, les participants sont plutôt enthousiastes, il y a une mailing-list qui est proposée (je m’y suis mis dessus à titre personnel) avec la perspective notamment de partager certains écrits / retours d’expériences de la coordination en Allemagne. (Par exemple, une brochure en allemand « Action 2020 »).
Bilan personnel, ça donne plutôt le sourire de voir que parfois quand les gens s’organisent entre eux et persistent, les résultats suivent.